Capables de s’introduire dans le pénis d’un homme pendant qu’il urine, certains candirus sont des poissons autant craints que connus. Originaire du Brésil, une nouvelle espèce a été décrite dans une publication parue mi-septembre. Une bonne nouvelle… au moins pour la biodiversité.
En 1997, un jeune amazonien était en train d’uriner dans une rivière lorsqu’un candiru Vandellia de plus de 13 centimètres s’est introduit dans son urètre. Il n’en a pas fallu plus pour que l’information fasse le tour du monde. Aussi rare qu’insolite, ce cas reste le seul documenté à ce jour.
Morphologie des candirus
Les candirus vivent dans les eaux douces du bassin amazonien, à la surface comme en profondeur. Ce sont des petits poissons qui mesurent moins de 15 centimètres, dont la tête et le corps sont translucides.
Ils appartiennent au grand ordre des siluriformes, couramment appelés « poissons-chats », d’où la présence de barbillons près de leur bouche. Regroupés dans la famille des Trichomycteridae, les candirus ont la particularité d’être des « poissons parasites ». Pour s’accrocher à leurs victimes, ils disposent de plusieurs fines épines autour des opercules de sa tête. Jusqu’à présent, seules les trois espèces du genre Vandellia peuvent être dangereuses pour les humains.
« Poisson vampire du Brésil »
Parmi près de 48 000 espèces de vertébrés, les candirus font partie des rares espèces à se nourrir principalement de sang. Leur surnom de « poisson vampire du Brésil » n’est donc pas usurpé. Leur aspect translucide permet de passer presque inaperçu dans les eaux troubles du fleuve. Parasites et nécrophages, les candirus sont d’une violence rare avec leurs proies, généralement de gros poissons. Pour les parasiter, ils repèrent leurs branchies.
Dès qu’une occasion favorable se présente, le candiru s’introduit dans ces orifices, mord et sectionne une artère, puis se gave de sang. Les fameuses épines près de sa tête lui permettent de ne pas lâcher son hôte. Cette attaque éclair dure entre 30 et 145 secondes.
Chasseurs nocturnes, les candirus peuvent aussi se nourrir en dépeçant un cadavre en quelques minutes. Ils se jettent sur leur proie, taillent des trous dans la chair pour s’y introduire et mangent littéralement la victime de l’intérieur, dans une furie sanguinaire rare.
De quoi faire passer le piranha pour un gentil animal de compagnie. Ce n’est pas sur lui qu’aurait dû se baser de nombreux réalisateurs de films d’horreur. En réalité, le piranha est un poisson plutôt timide qui s’enfuit en présence de l’Homme.
Une nouvelle espèce
Il existe une douzaine d’espèces de candiru. La nouvelle a été décrite par Elisabeth Henschel, Axel Katz et Wilson J. E. M. Costa dans une publication datant du 14 septembre 2021. Paracanthopoma cangussu est répertoriée au centre du Brésil dans les plaines inondées de l’île de Bananal, au milieu de deux très larges bras du Rio Araguaia.
Cette dernière, la seconde plus grande fluviale au monde est une réserve naturelle et culturelle, est entièrement protégée sous le nom Aragua National Park. On y rencontre de nombreuses espèces menacées dans cette partie du Brésil, comme l’anaconda, le jaguar, la loutre géante et deux espèces de dauphins d’eau douce.
Long de plus de 2 500 km, le Rio Araguaia est le principal affluent du fleuve Tocantins qui se jette non loin de l’Amazone au nord du Brésil. Le nouveau candiru côtoie dans cette région de nombreux cichlidés et tétras, des poissons-chats de la famille des loricaridés et des dizaines d’autres espèces tropicales, caractérisées par un fort taux d’endémisme.
Quelques voisins du nouveau candiru
Parmi la famille des Trichomycteridae, les Vandellia sont connus pour être exclusivement hématophages. Or, en plus de légères variations physiques, deux spécimens Paracanthopoma cangussu ont été retrouvés avec des insectes dans leurs ventres.
Peut-être de quoi inspirer de nombreux artistes. Le candiru a en effet déjà fait une apparition dans l’un des épisodes de la série Grey’s Anatomy et dans des œuvres littéraires comme Le festin Nu de William S. Burroughs.
Voir aussi
Sources
A new candiru of the genus Paracanthopoma (Siluriformes: Trichomycteridae) from the Araguaia River basin, Central Brazil, Elisabeth Henschel, Axel Katz, Wilson J E M Costa
A candiru, Paracanthopoma sp. (Siluriformes: Trichomycteridae), associated with a thorny catfish, Doras phlyzakion (Siluriformes: Doradidae), in a tributary of the middle Rio Negro, Brazilian Amazon Chiara C.F. LUBICH, André R. MARTINS , Carlos E.C. FREITAS , Lawrence E. HURD , Flávia K. SIQUEIRA-SOUZA
Medical importance of candiru catfishes in Brazil: A brief essay Vidal Haddad Junior, Jansen Zuanon and Ivan Sazima
Photographies – Bannières
Ejemplares de pez vampiro de la especie ‘Paracanthopoma parva’ © Dom Porcelli . Inaturalist – CC BY-NC 4.0
A propos de l'auteur
Ancien journaliste, Nans Gourgousse est désormais un auteur et podcasteur vivant à Paris. Ses thèmes de prédilection sont l'environnement, la consommation d'énergie et les pistes pour réussir à mieux vivre en consommant moins. En plus de la rédaction d'articles, il est en charge de la communication sur les réseaux sociaux de Fishipedia.